….surtout lorsqu’on n’est pas médecin…
Rien de plus facile… on vous l’aura chuchoté à l’oreille.
Il s’agit de l’enseignement d’un
langage. Ce n’est pas la même chose que l’enseignement de l’anatomie, de la physiologie
ou de la pathologie…. En fin parcours d’un enseignement de la traduction médicale
on devient traductrice ou traducteur spécialisé(e) et non médecin. Ce n’est pas
du tout, du tout pareil…
Oui, il s’agit de l’enseignement du langage de la médecine : son
histoire vielle de plus de 2000 ans, sa fabrication de toutes pièces, dites savantes, à partir du latin et du grecque, parfois même sacrilège lorsque hybridée (Guérin,
2001). Son dédoublement dans une
multitude de synonymes sous pression des forces diachroniques, des découvertes,
de la mondialisation, de l’appropriation par la foule des médecins (McMorrow,
1998). Toutes ses abréviations: à fonction
mnémotechnique, néologique sous forme d’acronymes, et pour faciliter la
limpidité et l’économie des communications. Le foisonnement de ses éponymes, à fonction
humanisante dans leur défi du temps, selon une de leurs interprétations les
plus charitables (Van Hoof, 1986). Sa dépersonnalisation, qui lui font oublier
son sujet le plus important “le patient” (Balliu, 2005)! Et son immensité, son étendue tentaculaire, son
éclatement dans une multitude de domaines, spécialisations et sous-spécialisations
au gré des grandes découvertes de sa longue histoire. Sans oublier ses pièges
qui se réduisent parfois à un seul phonème!
En effet, il y en a pour
tout le monde dans le langage médical… des fanas de l’orthographe aux accros du
social…
Ce qui surprend aussi, mais cette fois du côté des traductrices et des
traducteurs, c’est aussi l’existence des théoricien(ne)s de la traduction médicale.
Tous ces experts de la traduction médicale qui savent reculer suffisamment pour
l’observer, l’objectiver, la mettre à l’épreuve, et en dire très long, au sujet
de son fonctionnement, de ses propriétés, de ses effets, et des moyens de l’enseigner.
En fait, il aurait peut-être fallu répondre plus haut: “ Mais lisez
donc Van Hoof, Vandaele, Balliu, Rouleau, Jammal, Guérin, Monin, et tant d’autres…”
. Sauf que cela aurait fait bifurquer le sujet… vers celui de la pédagogie…
Bien sûr que nous les lisons. Ce sont eux les indispensables… eux qui décrivent le langage de la médecine, eux qui donnent
forme et substance à un cours de traduction médicale et qui l’éclairent. Mais encore
faut-il savoir leurrer les traducteurs et traductrices vers ces lectures dans
une tradition très verrouillée et fière de ses méthodes d’apprentissage par la pratique de la
traduction. Pour cela, il faut donc trouver l’exemple en traduction qui se
rapporte aux écrits, et faire tremplin ! La synchronicité aidant, ce n’est
pas impossible.
Je disais donc, oui, le langage de la médecine première partie…et non la
génétique première année. Et pour nous,
qui sommes toutes « tellement douées pour les langues »… qui
connaissons leur secret, leur syntaxe et
sémantique, et qui passons notre temps à
les remettre à leur place en traduction, chacune dans leur système et sans intersection, il s’agit d’un jeu d’enfant,
facile et fascinant! ~( :>
Références
Balliu, CH (2005) Le
nouveau langage de la médecine : Une affaire de socioterminologie. META,
vol 50(4).
Guérin , S. (2001). Emploi des termes
hybrides gréco-latins dans le langage médical. META, vol. 46, (1), p. 1-75.
McMorrow, L.
(1998) Breaking the Greco-Roman mold in medical writing : the many languages of 20th century medicine. In Translation and Medicine, Ed. Henry Fischbach. John Benjamins Publishing Company.
Monin, S. (1996) Termes éponymes en médecine
et application pédagogique. Actes du 17e Colloque de GERAS, 11-14.
Van Hoof, H (1986) Les éponymes médicaux:
Essais de classification. META,
vol. 3(1) pp. 59-84.
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