Wednesday, September 3, 2014

Mais, comment peut-on enseigner la traduction médicale?

Copyright © Françoise Herrmann

….surtout lorsqu’on n’est pas médecin…

Rien de plus facile… on vous l’aura chuchoté à l’oreille.

 Il s’agit de l’enseignement d’un langage. Ce n’est pas la même chose que l’enseignement de l’anatomie, de la physiologie ou de la pathologie…. En fin parcours d’un enseignement de la traduction médicale on devient traductrice ou traducteur spécialisé(e) et non médecin. Ce n’est pas du tout, du tout pareil…

Oui, il s’agit de l’enseignement du langage de la médecine : son histoire vielle de plus de 2000 ans, sa fabrication de toutes pièces, dites savantes, à partir du latin et du grecque, parfois même sacrilège lorsque hybridée (Guérin, 2001). Son dédoublement dans une multitude de synonymes sous pression des forces diachroniques, des découvertes, de la mondialisation, de l’appropriation par la foule des médecins (McMorrow, 1998). Toutes ses abréviations: à fonction mnémotechnique, néologique sous forme d’acronymes, et pour faciliter la limpidité et l’économie des communications. Le foisonnement de ses éponymes, à fonction humanisante dans leur défi du temps, selon une de leurs interprétations les plus charitables (Van Hoof, 1986). Sa dépersonnalisation, qui lui font oublier son sujet le plus important “le patient” (Balliu, 2005)!  Et son immensité, son étendue tentaculaire, son éclatement dans une multitude de domaines, spécialisations et sous-spécialisations au gré des grandes découvertes de sa longue histoire. Sans oublier ses pièges qui se réduisent parfois à un seul phonème!

En effet, il y en a pour tout le monde dans le langage médical… des fanas de l’orthographe aux accros du social…

Ce qui surprend aussi, mais cette fois du côté des traductrices et des traducteurs, c’est aussi l’existence des théoricien(ne)s de la traduction médicale. Tous ces experts de la traduction médicale qui savent reculer suffisamment pour l’observer, l’objectiver, la mettre à l’épreuve, et en dire très long, au sujet de son fonctionnement, de ses propriétés, de ses effets, et des moyens de l’enseigner.

En fait, il aurait peut-être fallu répondre plus haut: “ Mais lisez donc Van Hoof, Vandaele, Balliu, Rouleau, Jammal, Guérin, Monin, et tant d’autres…” . Sauf que cela aurait fait bifurquer le sujet… vers celui de la pédagogie… Bien sûr que nous les lisons. Ce sont eux les indispensables… eux qui décrivent le langage de la médecine, eux qui donnent forme et substance à un cours de traduction médicale et qui l’éclairent. Mais encore faut-il savoir leurrer les traducteurs et traductrices vers ces lectures dans une tradition très verrouillée et fière de ses méthodes  d’apprentissage par la pratique de la traduction. Pour cela, il faut donc trouver l’exemple en traduction qui se rapporte aux écrits, et faire tremplin ! La synchronicité aidant, ce n’est pas impossible.

Je disais donc, oui, le langage de la médecine première partie…et non la génétique première année.  Et pour nous, qui sommes toutes « tellement  douées pour les langues »… qui connaissons  leur secret, leur syntaxe et sémantique, et qui passons notre temps à les remettre à leur place en traduction, chacune dans leur système et sans intersection, il s’agit d’un jeu d’enfant, facile et fascinant!  ~(  :>

férences
Balliu, CH (2005) Le nouveau langage de la médecine : Une affaire de socioterminologie. META, vol 50(4).
Guérin , S. (2001). Emploi des termes hybrides gréco-latins dans le langage médical. META, vol. 46, (1), p. 1-75.
McMorrow, L. (1998) Breaking the Greco-Roman mold in medical writing : the many languages of 20th century medicine. In Translation and Medicine, Ed. Henry Fischbach. John Benjamins Publishing Company
 Monin, S. (1996) Termes éponymes en médecine et application pédagogique. Actes du 17e Colloque de GERAS, 11-14.
Van Hoof, H (1986) Les éponymes médicaux: Essais de classification.  META, vol. 3(1) pp. 59-84.

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