Copyright © Françoise Herrmann
Tant aux USA qu’en France les études de médecine se couronnent en prêtant
solennellement le serment d’Hippocrate. Un acte qui enracine sans doute la médecine dans ses origines si
profondes et anciennes de l’Antiquité grecque, d’il y a plus 2000 ans. En effet, Hippocrate le Cos, est né aux
alentours de l’an 460 av. JC. Médecin et philosophe on le considère père de la
médecine, pour avoir fondé la discipline de la médecine et l’éthique de ses
praticiens. Deux mille ans plus tard, on souhaiterait de toute évidence lui rendre
hommage, en prononçant ses paroles, et peut-être par la même occasion s’approprier un peu de sa sagesse et
de son savoir.
Mais serait-ce vraiment possible de prononcer ces paroles vieilles de deux
mille ans, aujourd’hui, sans se heurter à l’évolution de la médecine, des
sciences et technologies, des mœurs et pratiques, voire la résistance des
maladies elles-mêmes? Peut-on prétendre
que le serment d’Hippocrate n’a pas vieilli comme s’il s’agissait d’une tirade
de Molière ou d’un sonnet de Shakespeare, avec quelques siècles supplémentaires ?
Pour répondre à ces questions, il suffit de souligner tous les coups de bistouri
apportés au serment d’Hippocrate en
comparant trois versions: la
version d’origine de l’antiquité grecque, une traduction de la version grecque
d’origine, et le serment tel qu’il est prononcé en Belgique et en France, par exemple, aujourd’hui, selon
les informations des sites de l’Ordre des médecins belges ou
français.
Je vous laisse contempler la version grecque d’origine, et je souligne pour
vous certaines différences, pour ne pas tout barioler, entre la traduction de
la VO d’il y a 2000 ans et une version
courante dudit Serment d’Hipprocrate, en occurrence celle de l’Ordre National
de Médecins (en France) en date du 1er mai 2012..
Version grecque antique
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Traduction de la vo grecque antique
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Version
contemporaine
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OPKOΣ
Ὄμνυμι Ἀπόλλωνα ἰητρὸν, καὶ Ἀσκληπιὸν, καὶ Ὑγείαν, καὶ Πανάκειαν, καὶ θεοὺς πάντας τε καὶ πάσας, ἵστορας ποιεύμενος, ἐπιτελέα ποιήσειν κατὰ δύναμιν καὶ κρίσιν ἐμὴν ὅρκον τόνδε καὶ ξυγγραφὴν τήνδε. Ἡγήσασθαι μὲν τὸν διδάξαντά με τὴν τέχνην ταύτην ἴσα γενέτῃσιν ἐμοῖσι, καὶ βίου κοινώσασθαι, καὶ χρεῶν χρηίζοντι μετάδοσιν ποιήσασθαι, καὶ γένος τὸ ἐξ ωὐτέου ἀδελφοῖς ἴσον ἐπικρινέειν ἄῤῥεσι, καὶ διδάξειν τὴν τέχνην ταύτην, ἢν χρηίζωσι μανθάνειν, ἄνευ μισθοῦ καὶ ξυγγραφῆς, παραγγελίης τε καὶ ἀκροήσιος καὶ τῆς λοιπῆς ἁπάσης μαθήσιος μετάδοσιν ποιήσασθαι υἱοῖσί τε ἐμοῖσι, καὶ τοῖσι τοῦ ἐμὲ διδάξαντος, καὶ μαθηταῖσι συγγεγραμμένοισί τε καὶ ὡρκισμένοις νόμῳ ἰητρικῷ, ἄλλῳ δὲ οὐδενί. Διαιτήμασί τε χρήσομαι ἐπ' ὠφελείῃ καμνόντων κατὰ δύναμιν καὶ κρίσιν ἐμὴν, ἐπὶ δηλήσει δὲ καὶ ἀδικίῃ εἴρξειν. Οὐ δώσω δὲ οὐδὲ φάρμακον οὐδενὶ αἰτηθεὶς θανάσιμον, οὐδὲ ὑφηγήσομαι ξυμβουλίην τοιήνδε. Ὁμοίως δὲ οὐδὲ γυναικὶ πεσσὸν φθόριον δώσω. Ἁγνῶς δὲ καὶ ὁσίως διατηρήσω βίον τὸν ἐμὸν καὶ τέχνην τὴν ἐμήν. Οὐ τεμέω δὲ οὐδὲ μὴν λιθιῶντας, ἐκχωρήσω δὲ ἐργάτῃσιν ἀνδράσι πρήξιος τῆσδε. Ἐς οἰκίας δὲ ὁκόσας ἂν ἐσίω, ἐσελεύσομαι ἐπ' ὠφελείῃ καμνόντων, ἐκτὸς ἐὼν πάσης ἀδικίης ἑκουσίης καὶ φθορίης, τῆς τε ἄλλης καὶ ἀφροδισίων ἔργων ἐπί τε γυναικείων σωμάτων καὶ ἀνδρῴων, ἐλευθέρων τε καὶ δούλων. Ἃ δ' ἂν ἐν θεραπείῃ ἢ ἴδω, ἢ ἀκούσω, ἢ καὶ ἄνευ θεραπηίης κατὰ βίον ἀνθρώπων, ἃ μὴ χρή ποτε ἐκλαλέεσθαι ἔξω, σιγήσομαι, ἄῤῥητα ἡγεύμενος εἶναι τὰ τοιαῦτα. Ὅρκον μὲν οὖν μοι τόνδε ἐπιτελέα ποιέοντι, καὶ μὴ ξυγχέοντι, εἴη ἐπαύρασθαι καὶ βίου καὶ τέχνης δοξαζομένῳ παρὰ πᾶσιν ἀνθρώποις ἐς τὸν αἰεὶ χρόνον. παραβαίνοντι δὲ καὶ ἐπιορκοῦντι, τἀναντία τουτέων.
Texte grec ed. E. Littré, Oeuvres
complètes d'Hippocrate, vol. 4 (Baillière, Paris 1844), p.
628-632.
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Serment d'Hippocrate
Je jure par Apollon médecin, par Asclépios, par Hygie et Panacée, par
tous les dieux et toutes les déesses, les prenant à témoin, de remplir, selon
ma capacité et mon jugement, ce serment et ce contrat; de considérer d'abord mon
maître en cet art à l'égal de mes propres parents; de mettre à sa
disposition des subsides et, s'il est dans le besoin, de lui transmettre une part de mes biens;
de considérer sa descendance à l'égal de mes frères, et de leur enseigner cet
art, s'ils désirent l'apprendre, sans salaire ni contrat; de transmettre, les préceptes,
des leçons orales et le reste de l'enseignement à mes fils, à ceux de
mon maître, et aux disciples liés par un contrat et un serment, suivant la
loi médicale, mais à nul autre.
J'utiliserai le régime pour l'utilité des malades, suivant mon pouvoir et
mon jugement; mais si c'est pour leur perte ou pour une injustice à leur
égard, je jure d'y faire obstacle. Je ne remettrai à personne une drogue mortelle si on me la demande,
ni ne prendrai l'initiative d'une telle suggestion. De même, je ne remettrai pas non plus à
une femme un pessaire abortif. C'est dans la pureté et la piété que je
passerai ma vie et exercerai mon art. Je n'inciserai pas non plus les malades atteints de
lithiase, mais je laisserai cela aux hommes spécialistes de cette
intervention. Dans toutes les maisons où je dois entrer, je pénétrerai pour
l'utilité des malades, me tenant à l'écart de toute injustice volontaire, de tout acte corrupteur en
général, et en particulier des relations amoureuses avec les femmes ou les
hommes, libres ou esclaves. Tout ce que je verrai ou entendrai au
cours du traitement, ou même en dehors du traitement, concernant la vie des
gens, si cela ne doit jamais être répété au-dehors, je le tairai, considérant
que de telles choses sont secrètes.
Eh bien donc, si
j'exécute ce serment et ne l'enfreins pas, qu'il me soit donné de jouir de ma
vie et de mon art, honoré de tous les hommes pour l'éternité. En revanche, si
je le viole et que je me parjure, que ce soit le contraire.
TraductionJ. Jouanna, Hippocrate, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1992, annexe I. |
Serment d’Hippocrate 05/01/2012
Au moment d’être
admis(e) à exercer la médecine, je promets et je jure d’être fidèle aux lois
de l’honneur et de la probité.
Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de
promouvoir la santé dans tous ses
éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux.
Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et
leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. J’interviendrai pour les protéger
si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur
dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes
connaissances contre les lois de l’humanité.
J’informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences.
Je ne tromperai jamais leur confiance et n’exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences.
Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain
ou la recherche de la gloire.
Admis(e) dans l’intimité
des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés. Reçu(e) à
l’intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma conduite
ne servira pas à corrompre les moeurs.
Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément.
Je préserverai
l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de ma mission. Je
n’entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je les entretiendrai et les
perfectionnerai pour assurer au mieux les services qui me seront
demandés.
J’apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu’à leurs familles dans l’adversité.
Que les hommes et mes
confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je
sois déshonoré(e) et méprisé(e) si j’y manque.
[Ordre national des
médecins (France) ]
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Quelles sont donc ces paroles que les jeunes médecins prononcent fièrement aujourd’hui en fin de leurs études? Celles
d’un Hippocrate muse, révisé, opéré,
rafistolé, ré-actualisé ? Celles d’un comité d’éthique inspiré, éclairé, idéaliste, plagiste, romantique, voire démagogue?
À vous de trancher…ou d’en
rajouter ! Mais rassurez-moi, car il s’agit de l’Ordre de médecins! :-) ~( :>
Références
Ordre des médecins – Belgique'
http://www.ordomedic.be/fr/l-ordre/serment-(belgique)/serment-hippocrates/
Conseil de l’ordre national des médecins
Serment d’hippocrate en date du 05-01-2012
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