Friday, September 12, 2014

Encore… les maladies hydriques… et l’hypallage

Copyright © Françoise Herrmann

J’inclus la suite des échanges que j’ai eus avec Dre. E. (la voix de la science, et non celle de la médecine), suscité par l’hypallage le plus officiel de nos maladies hydriques et des inhibiteurs calciques de M. Rouleau. 

Dre. E- Et si je peux ajouter…maladies d’origine aquatique…ça ne veut rien dire. Cela peut être n’importe quoi et porte à confusion. Des algues peuvent être à l’origine, des amibes, le pH de l’eau, des métaux lourds, des produits chimiques, etc.

Si vous me permettez de réagir… dans l’exemple d’inhibiteurs calciques (ici calciques prend un s ? il me semble) le mot canaux est sous-entendu, pour j’imagine rendre les phrases plus courtes. Selon moi on comprend très bien qu’il s’agit de molécules qui bloquent l’activité des canaux calciques et uniquement ces canaux, pour moi il n’y a donc pas d’ambigüité. Mais avec l’étiquette « maladies d’origine aquatique » cela ne sous-entend rien. Comment distinguer le choléra (infection bactérienne) de l’amibiase (infection par une amibe) et de la maladie de Minamata (contamination par le mercure) ? Bien sûr dans les trois cas l’eau est secondairement impliquée, mais l’étiologie de ces maladies est complètement différente. Cette étiquette est beaucoup trop générale pour avoir un sens. Je ne sais pas qui a un jour « lancé » ce terme…Etes-vous certaine que ce mot vienne de scientifiques ?

FH - Voici une tentative de réponse très spéculative...

Pour répondre à votre question un peu rhétorique concernant l’invention du terme « maladie hydriques ou maladie d’origine aquatique » et la responsabilité des scientifiques compte tenu de l’imprécision inhabituelle de ce terme, je me hasarde à faire l’hypothèse complètement spéculative et sans ancrage dans aucun corpus de données étymologiques ou terminologiques, qu’il s’agit de toute évidence d’un terme moins savant qu’on l’imagine, créé ou utilisé peut-être à l’attention des personnes à risque, comme une mise en garde, ne serait-ce qu’une mise en garde à la fois indirecte et incomplète. Ces maladies hydriques, aquatiques ou de l’eau, signifient et mettent en relief l’eau et ses dangers. On ne peut pas toujours d’emblée et sans sollicitation expliquer et discuter tous les détails de l’étiologie d’une maladie comme vous avez eu la gentillesse de le faire dans le cadre de notre cours.

Quant au terme « inhibiteur calcique », vous le comprenez certes immédiatement car vous avez une formation qui vous permet de l’étoffer et d’ajouter tout ce qui n’y est pas exprimé, mais pour toutes les autres personnes, l’adjectif « calcique » se rapporte au mot « inhibiteur », au même titre que le terme «bleu ou rouge » pourrait le faire. En l’absence d’une connaissance des mécanismes inhibiteurs qui permet de combler toutes les informations sous-entendus du terme, un qualificateur en vaut bien un autre.

La leçon à retenir pour les traducteurs et traductrices dans le domaine médical est celle qui devra, d’une part nous faire redoubler d’attention pour les termes médicaux, en particulier ceux sous forme nom + adjectif, et d’autre part nous faire chercher à les comprendre aussi précisément de possible. ~( :>

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