Friday, October 10, 2014

J.-Ch. Rufin : Médecin, humanitaire, écrivain et diplomate

Copyright © Françoise Herrrmann

Des médecins qui écrivent, il y en a, mais un seul parmi les Immortels ! Et un médecin parmi les immortels c’est un peu le comble de la médecine!  Pourtant, rien de plus vrai. Il se nomme Jean-Christophe Rufin, et il a été élu à l’Académie française le 19 juin 2008, au fauteuil No. 28 – ayant appartenu à d’Henri Troyat…  

De la médecine il y en a un peu partout dans la fiction de Rufin, bien évidemment. Mais, il s’agit plutôt de la « médecine en fiction » que de la « fiction médicale ». Et là, j’emprunte (en demandant pardon à la voix de la science) la différence conceptuelle entre « science-en-fiction », à fonction autobiographique, et « science-fiction » qu'élabore Carl Djerassi,  un célèbre chercheur, inventeur de la pilule contraceptive, devenu lui aussi romancier et dramaturge à grand succès, au fil d’une  carrière littéraire supplémentaire.  

Chez Ruffin, if faut tout lire ! Fiction, traités politiques et humanitaires, et récits autobiographiques.  Ce sont en fait ses livres qui ne vous lâchent plus !  

Des romans pendant tout l'été, comme par exemple Rouge Brésil, le premier Prix Goncourt qui lui a été décerné ; la trilogie de l’Abyssin, Sauver Ispahan et Les Causes Perdues, sans oublier Globalia, La Salamandre, Le Parfum d’Adam et Katiba, et le dernier paru en 2014 Le Collier Rouge. Puis, ou entrecoupés de récits sans fiction, Le Piège Humanitaire ou La Dictature Libérale, et au moins un récit à la première personne, directement autobiographique, tel que  Le Léopard sur le Garrot pour y découvrir une très belle fonction de la médecine.

Et, pour les traductrices et traducteurs, en particulier, il ne faudra surtout pas oublier de lire la nouvelle intitulée ‘Passion francophone’ incluse dans un recueil intitulé Sept histoires qui reviennent de loin. En effet,  il s’agit d’une farce, très, très, LOL,  qui nous rappelle pourtant,  en fin journée, l’importance de la communication et du rôle que les professionnel(le)s de la traduction peuvent jouer à la faciliter dans l’exercice correct de leur métier.

Il y a du fluide glaciale dans l’œuvre de Rufin, beaucoup d’élégance de style qui se décline à travers un vaste répertoire de personnages, tantôt bouffons et loufoques qui font rire pendant toute une après-midi, tantôt jeunes et héroïques, dignes des plus beaux phantasmes de révolution et de monde meilleur, et toujours  cette couleur rouge  de  la vie, du sang, de la violence et de la colère.

À vous de le découvrir cet Immortel, qui nous livre toute la richesse de son combat et toute la tendresse de son âme.  ~(  :>

Reference
Djerassi, C.  Science in fiction is not science fiction. Is it autobiography ?
Rufin, J. Ch. – Académie Française
http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/jean-christophe-rufin
Rufin; J. Ch. (2001) Rouge Brésil. Éditions Folio – Prix Goncourt
Rufin; J. Ch. (2012) L’Abyssin. Éditions Folio
Rufin; J. Ch. (2014) Sauver Ispahan. Éditions Folio
Rufin; J. Ch. (2001) Les Causes Perdues. Éditions Folio - Prix InterAllié
Rufin; J. Ch. (2005) Globalia. Éditions Folio
Rufin; J. Ch. (2006) La Salamandre. Éditions Folio
Rufin; J. Ch. (2008) Le Parfum d’Adam. Éditions Folio
Rufin; J. Ch. (2011)  Katiba. Éditions Folio
Rufin; J. Ch. (2012)  Sept histoires qui reviennent de loin. Éditions Folio
Rufin; J. Ch. (2015) Le Collier Rouge. Éditions Folio
Rufin; J. Ch. (2009) Le Léopard sur le Garrot. Éditions Folio 
Rufin; J. Ch. (1994) La Dictature Libérale. Éditions J. Cl. Lattès
Rufin; J. Ch. (1994) Le Piège Humanitaire. Éditions Hachette


Thursday, October 9, 2014

Quid le langage de la médecine ? (3) Des abréviations

Copyright © Françoise Herrmann

 Pour les abréviations du langage de la médecine, il faudra distinguer en un premier temps: l’apocope et son opposé l’aphérèse, la syncope, les sigles, et les acronymes. Et on retiendra deux hypothèses traditionnelles  pour les expliquer: l’économie du langage et la mnémotechnique, en faisant abstraction d’autres processus plus créatifs de la néologie (élaborés par exemple dans Percevois [2001] pour un autre domaine).

L’abréviation concerne:
  • la réduction d’un ou plusieurs mots par suppression de phonèmes, syllabes ou lettres,  en fin de mot (dite apocope)
  • la réduction d’un ou plusieurs mots par suppression de phonèmes, syllabes ou lettres  en début de mots (dite aphérèse)
  • la réduction d’un ou plusieurs mots par  suppression de phonèmes, syllabes ou lettres  au milieu d’un mot (dite syncope)
  • la réduction d’un ou plusieurs mots par utilisation de lettres initiales (dite siglaison)
  • les acronymes, un cas particulier de siglaison.

 Cas de l’apocope -  Il s’agit de la suppression de plusieurs phonèmes, syllabes  ou lettres  en fin de mot, comme par exemple les termes dermatologie > dermato ; gynécologie > gynéco ; ophtalmologie> ophtalmo ; radiographie> radio ; chimiothérapie> chimio, adolescent(e)> ado, perfusion > perf; réanimation> réa; trouble> tr., ou en anglais deletion > DEL.

 Cas de l’aphérèse – Il s’agit de la suppression de plusieurs phonèmes, syllabes ou lettres  en début de mot,  comme par exemple endoscopie > scopie; coloscopie > scopie du colon;  broncoscopie > scopie des bronches; gastroscopie > scopie de l'estomac; radioscopie > scopie, le contexte aidant etc.

 Cas d’abréviation double (aphérèse et apocope)  - Il s’agit de la suppression de plusieurs phonèmes, syllabes ou lettres à la fois en début et en fin de mot, comme par exemple en anglais pour le mot influenza > flu!

 Cas de la syncope – Il s’agit de la suppression de plusieurs phonèmes, syllabes ou lettres  au milieu d’un mot, comme par exemple en notation chimique, certains mais par tous les éléments du tableau périodique, tels que le plomb> Pb, le radon >Rn, le curium > Cm et le thulium> Tm,  voire aussi  traitement > tt/ttt, pacemaker>PM   

 Cas de la siglaison – Il s’agit de l’abréviation par les lettres initiales ”épelées”  des mots comme par exemple, un CHU (Centre Hospitalier Universitaire), un AVC (Accident Vasculaire Cérébal) ou une IRM (Imagerie par Résonance Magnétique).  Et à cet égard, ne pas oublier que le sigle prend le genre du premier substantif réduit.

 Cas des acronymes – Il s’agit d’un cas particulier de siglaison où le sigle devient un mot (qui se trouve prononcé comme un mot plutôt qu’épelé par ses lettres initiales), servant d’abréviation, comme par exemple le SIDA (Syndrome de l’ImmunoDéficience Acquise) ;  le LASER (issu de l’anglais Light Amplification by Stimulated Emission of Radiation) ; voire le SAMU (Service d’Aide Médicale Urgente).

Fonction mnémotechnique
Dans la plupart des cas d'abréviation il s’agit certes d’une économie du langage. En médecine il y aussi, plus particulièrement, de nombreuses instances d’abréviation mnémotechnique compte tenu de l’importance du corpus de terminologie anatomique ou en générale des quantités intenses d’informations à retenir. 

 Par exemple pour se souvenir de tous les petits os de la région carpe de la main, la siglaison des noms des os regroupée selon l’acronyme STOP :
Scaphoïde, Semi-lunaire, Trapèze, Trapézoïde, Grand os, Os crochu, Pisiforme, Pyramidal

 Et en anglais une double siglaison des os et de toute une phrase à valeur mnémonique  The Tom Cat Has Shaken Loose To Prowl  :
Trapezium, Trapezoid, Capitate, Hamate, Scaphoid, Lunate, Triqutum, Pisiform

Et pour se souvenir des facteurs favorisant par exemple l’ARTHROSE:
Age (sup. à 60ans),
Rhumatismes inflammatoires, infectieux ou microcristallins,
Traumatism, Hérédité,
Role de: dysplasie,
Obésité, Sexe(F>H),
Enfant: epiphysiolyse, ostéochondrite

 En traduction ...
Attention aux abréviations en traduction médicale. Selon Van Hoof (1996) et Monin (1993):

      1. Les abréviations sont parfois identiques dans les deux langues (par ex., ECG et EEG sont identiques en fr. et en anglais).
      2.  Elles sont plus souvent différentes dans les deux langues (par ex., RNA/ARN, DNA/ADN).
      3.. Il y a parfois absence d’abréviation en fr. pour une abréviation en anglais (par ex HMOHealth Maintenance Organization, PPO = Preferred Provider Organization, PM - PaceMaker)
      4.  À l’inverse, il n’y a parfois pas d’abréviation en anglais pour une abréviation en fr. (par ex.CHU - Centre Hospitalier Universitaire  ou CHG - Centre Hospitalier Général).

Il faudrait aussi ajouter ici le contexte à cette liste de précautions. L’anamèse ou le rapport d’intervention (chirurgicale), par exemple, sont truffés d’abréviations, en anglais comme en français, de termes qui ne sont pas normalement tronqués, dans une sorte de sténographie très personnalisée, meme lorsque dictés!. S’ajoute aussi le style particulier des praticiens et le cas de leur interlocuteurs /patients, donc toute une série de variables contextuelles qui détermineront l’emploi de l’abréviation et de ses formes.

Et finalement attention aux différences d’usage entre le Canada et la France, où on traduit beaucoup plus systématiquement toutes les abréviations, comme vous pourrez le constater en basculant entre les volets du site Canada Health et Santé Canada du gouvernement canadien.

 Par ailleurs, à l’intersection de la linguistique et de la médecine, n’oubliez pas non plus de chercher et de décomposer le sens médical des termes « syncope, apocope et aphérèse »… d’origine grecque, et en ce sens aussi très à l'ordre du jour ! ~ ( :> 

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Et, patience... encore un Quid le langage medical (4), finalement en contexte! 
 
References

Monin, S. (1993) Siglaison en langue médicale et problèmes de traduction. La Revue du GERAS (Groupe de recherche en anglais de spécialité.2:1993 Actes du 14e Colloque du GERAS.
http://asp.revues.org/4264?lang=en


Percevois, J. (2001) Fonctions et vie des sigles et acronymes en contextes de langues anglaise et française de spécialité. META 46(4) 627-645.
http://www.erudit.org/revue/meta/2001/v46/n4/003821ar.pdf

Van Hoof, H. (1996). Précis de traduction médicale. Paris, France : Editions Maloine.

Wikipedia – CARPE (Anatomie)

Wednesday, October 8, 2014

Interlude .... Tweeto du pape! ...


Copyright © Pontifex
 


Rogemus Dominum ut ne maledicamus ne impugnemus neque garriamus, sed ut omnibus bene velimus. Papa Franciscus  https://twitter.com/Pontifex_ln

Demandons au Seigneur la grâce de ne pas dire du mal, de ne pas critiquer, de ne pas faire de commérages, d’aimer tout le monde. Pape François https://twitter.com/Pontifex_fr 
Let us ask the Lord for the grace not to speak badly of others, not to criticize, not to gossip, but rather to love everyone. Pope Francis https://twitter.com/Pontifex
Chiediamo al Signore la grazia di non sparlare, di non criticare, di non spettegolare, di volere bene a tutti. Papa Francesco https://twitter.com/Pontifex_it 
Pidamos al Señor la gracia de no hablar mal de nadie, de no criticar, de no chismorrear, de querer a todos. Papa Francisco https://twitter.com/Pontifex_es
لنطلب من الرب نِعمة عدم السقوط في النَّمِيمة، والانتقاد، والثرثرة والقيل والقال، نعمة أن نحب الجميع. البابا فرنسيس   https://twitter.com/Pontifex_ar
 Peçamos ao Senhor a graça de não falar mal dos outros, não criticar, nem fofocar, mas querer bem a todos. Papa Francisco   https://twitter.com/pontifex_pt 
Bitten wir um die Gnade, dass wir nicht schlecht über andere reden, nicht kritisieren oder tratschen, sondern mit allen gut auskommen. Papst Franziscus   https://twitter.com/intent/user?screen_name=Pontifex_de
Prośmy Pana o łaskę, abyśmy nie obmawiali, nie krytykowali, nie plotkowali, a chcieli dobra dla wszystkich. Papiez Franciszek   https://twitter.com/pontifex_pl

Tuesday, October 7, 2014

Quid le langage de la médecine? (2) Foisonnement des synonymes

Copyright © Françoise Herrmann

 Des synonymes en traduction médicale, il y en a une quantité astronomique…  Avec  2000 ans d’histoire d’Este en Ouest, ce n’est pas trop surprenant ! Il y de quoi en fabriquer plus d’un ! En outre, comme toute tentative de standardisation du langage qui se heurte aux décisions de la foule -- et même la foule la plus savante, le travail de normalisation de cette terminologie a plutôt tendance à multiplier les termes qu’à les remplacer, compte tenu des rythmes différents d’essaimage et d’adoption, ou de générations différentes de co-utilisateurs à un moment donné. Les forces du langage ne semblent pas se dompter si facilement, elles ont plutôt tendance à s’auto-organiser…   

 Ceci dit, dans une tradition moins prescriptive, on propose toutefois deux sortes d’explications au foisonnement des synonymes :

1.       La très longue histoire de la médecine qui emprunte tantôt au latin, tantôt au grec, tantôt au deux langues en même temps, et aujourd’hui à l’anglais, et qui par ailleurs accueille aussi des variations régionales, et compose facilement avec toutes les richesses des procédés linguistiques.  Dans ce sens de la diachronie et de l’étymologie du langage, il faudra se reporter pour davantage informations à Van Hoof (998). Guérin (2001) et McMorrow (1998), par exemple.

2.       Il existe aussi, dans une dimension synchronique du langage,  prolifération des synonymes pour des raisons socio-linguistiques d’affect, de registres, voire même de discrétion professionnelle. Et en ce sens, il conviendra de consulter Balliu (2010), et Faure (2010), par exemple.

L’important, au niveau des synonymes, ce sera de les repérer, et surtout d’en connaitre les nuances. Par exemple, un ulcère peptique c’est parfois un ulcère de l’estomac (synonyme de l’ulcère gastrique), parfois un ulcère du duodénum (de la partie supérieure de l’intestin grêle), mais ce ne sont pas quatre termes synonymes.  En revanche,  la bandelette de Maissiat et la bandelette ilio-tibiale sont synonymes, car il s’agit d’une référence à la même lame fibreuse de la cuisse qui parfois donne lieu au syndrome dit de « l’essui-glace » (avec changement de registre), le premier terme étant éponymisé, le deuxième relevant d’une nomenclature plus moderne, la Terminologia Anatomica (TA, 1998), à référence anatomique qui se souhaitrait plus precise, sans référence éponymique.

Voici deux exemples supplémentaires de synonymes expliqués:

Syndrome de Down, Trisomie 21 : Ces deux termes synonymes, reflètent l’évolution des connaissances de la médecine. Le premier existe d’après les descriptions aujourd’hui très contestées, et obsolètes, de la fin du 19ème siècle, faites par un certain médecin nommé John Langdon Down. Le deuxième terme reflète les découvertes françaises de la génétique, du milieu du 20ème siècle, selon lesquelles  ce syndrome s’explique par la présence d’un troisième chromosome en position 21, là où seule une paire de chromosomes se présente normalement.

C’est la raison pour laquelle, suite à un décret des Nations Unies, on célèbre désormais la trisomie le 21 mars (21/3) chaque année, à l’échelle mondiale.

Dans la même famille de ces conditions génétiques, vous trouverez d’autres trisomies identifiées par la génétique moderne, en occurrence : la trisomie 18 (Syndrome d’Edward) et la trisomie 13 (Syndrome de Patau) qui correspondent aussi à la présence d’un troisième chromosome, là où il y a normalement une paire de chromosome,  en position 18 et 13 respectivement.

Quadriplégie, tétraplégie: Ces deux termes, qui signifient la paralysie des quatre membres, sont synonymes car ils empruntent respectivement  au latin le mot « quad » et au grec le mot « tetra » qui signifient tous deux le chiffre « 4  », indifféremment du faut que les Romains n'en savaient pas autant que les grecs, et que c'est à la Renaissance (env. 4 siècles plus tard) que le latin anatomique ait décollé...  ~(  :>

Références
Guérin , S. (2001). Emploi des termes hybrides gréco-latins dans le langage médical. META, vol. 46, (1), p. 1-75.
Balliu, CH. (2010) Le traducteur, le médecin et le patient.  META, vol. 55(1), p. 15-22.
McMorrow, L. (1998) Breaking the Greco-Roman mold in medical writing : the many languages of 20th century medicine. In Translation and Medicine, Ed. Henry Fischbach. John Benjamins Publishing Company. (@ Google Books : http://tinyurl.com/qegr6kn)
TA (1998) Terminologia Anatomica:   International  anatomical Terminology.
International Federation of Anatomical Associations. New York, NY: Thieme Medical Publishers.
 Van Hoof, H. (1998) The language of medicine:  A comparative ministudy of English and French. In Translation and Medicine, Edited by Henry Firshbach.  John Benjamins Publishing Company

Sunday, October 5, 2014

Les tweetos du pape (en Latin)

Copyright © Françoise Herrmann

Compte tenu de toutes les racines latines et grecques du langage médical, le latin paraît à l’ordre du jour…!
 
Et de surcroit, un latin vivant, qui s’utilise comme moyen de communication, à vocation quasi universelle, en dehors des communications savantes des médecins et spécialistes de la médecine de toutes sortes,  ou de la liturgie classique….
 
En effet, le pape François, le Saint Père @Pontifex­_ln  s’adresse à ses 299,000 fidèles avec des tweetos en latin, qui sont aussi traduits en langues dites catholiques, en occurrence, le francais, l’anglais, l’espagnol, le portugais, l’arabe, l’allemand, le polonais et l’italien…  c-à-d @Pontifex_fr en français, @pontifex_it en italien, @pontifex_es en espagnol, … etc.
 
Branchez-vous donc aux tweetos du Pape François en latin, si vous souhaitez vous plongez dans le bain de cette ancienne langue, toujours vivante !
 
Et vous pourrez aussi, grâce aux sites parallèles, vérifier les traductions ou mettre à l’épreuve  vos connaissances de cette ancienne langue !
 
En voici l’adresse url:
 
Carpe diem !

Quid le langage de la médecine ? (1) Un langage savant !

Copyright © Françoise Herrmann

 Et pourquoi donc savant ?

Parce qu’il s’agit d’un langage très ancien, à la grande différence de nombreux autres langages techniques (à l’exception de celui de la loi), construit de toute pièces, à partir du latin et du grec.

 Le mot « médecine » vient du latin « medicus » qui signifie « qui guérit”. Toutes les civilisations du monde (Indienne, du Moyen et de l’Extrême Orient et d’Europe) possèdent d’anciens systèmes codifiés de pratique médicale, dont on retrouve les traces écrites. Certains de ces anciens systèmes, tels que la médecine Ayuverdique aux Indes et celle de la Chine traditionnelle, sont du reste toujours pratiqués avec divers degrés d’autonomie et d’intégration par rapport à la médecine moderne (c-à-d occidentale et pharmaceutique).

 La médecine d’Europe et d’Amérique (du nord) remonte à la civilisation grecque (500 à 30 ans avant JC), en passant ensuite par la civilisation de l’Empire romain (100 ans avant JC à 400 ans après JC) et celle de l’Europe médiévale (de 1200 à 1500 après JC).  Donc, une histoire longue de 2000 ans qui forme les bases du langage médical d’aujourd’hui, en Europe et aux USA.

 De ses origines antiques, le langage médical conserve ses racines, préfixes et suffixes issus directement du latin et du grec, qu’il compose très systématiquement dans le but de décrire le corps dans tous ses détails, son fonctionnement ou son dysfonctionnement.

 Les préfixes sont des structures au début d’un mot qui modifient le radical. Par exemple le préfixe « hypo- » (issu du grec « ὑπό ») signifie en dessous, ou insuffisance, alors que le préfixe « hyper -» (son contraire, issu du grec  «υπέρ ») signifie en dessus, ou excès. Lorsque combinés  au terme « tension », ces deux préfixes  fournissent les termes « hypertension » et « hypotension » qui signifient respectivement « tension élevée » et « tension basse ». Idem pour le terme « glycémie » mentionné dans un billet précédent, où on obtient « hyperglycémie » et « hypoglycémie » pour signifier respectivement « taux de sucre trop élevé dans le sang » (hyper-) et « taux de sucre trop faible dans le sang » (hypo-).  
 
À noter par ailleurs, d’après ces deux derniers exemples concernant le taux du sucre dans le sang, que les préfixes issus du grec ou du latin apportent aussi précision et concision, c-à-d une économie des mots sans sacrifice du sens, et très utile en situation d’urgence.

En traduction médicale, on se penchera ainsi sur les très nombreux préfixes issus du latin et du grec (par ex. anti-, auto-, dys-, inter-, intra-, péri-, endo-, etc…), pour en reconnaitre immédiatement la signification, et ainsi faciliter la compréhension des termes qui se composent par leur intermédiaire, dans un texte médical. 

 Les suffixes sont des structures en fin de mot qui modifient le radical ou la racine du mot. Tout le monde connait par exemple  les suffixes « -logie », «  et « -logue » l’un et l’autre issus du mot latin « –logia » et du  grec « -λογία » qui signifie « dire », et avec lesquels on forme la science ou l’étude scientifique d’un domaine, comme par exemple les mots « dermatologie et dermatologue » ou « neurologie et neurologue », voire «radiologie et radiologue ».

 Ici aussi, en traduction médicale, on cherchera à repérer  les très nombreux suffixes latins ou grecs (par ex. –manie, -spasme, -sténose,  -plastie, -algie, -hypoxie, -ectomie, etc..)  et à connaitre leur signification, dans le but de faciliter la compréhension des termes additionnés d’un suffixe dans un texte médical.

 Le radical ou la racine du mot se compose avec un préfixe et/ou un suffixe qui s’y rattache. On connait en général la conjugaison des verbes français. On y parle toujours de la racine du verbe et de ses terminaisons,  à tous les temps et à tous les modes. En dehors de la conjugaison des verbes  de notre quotidien,  le langage de la médecine se compose de mots qui foisonnent  de racines latines et grecques qu’on repèrera dans leur relation aux suffixes et préfixes, et dont on apprendra à connaitre le sens, toujours aux fins de faciliter la lecture et la compréhension d’un texte médical.  

 On fera ainsi circuler des listes où figureront des radicaux tels que: myo-, phrén/o- , osté/o, hépat/o, mamm/o, phlébo- , etc.. dont on élucidera le sens pour ensuite les composer avec divers préfixes et suffixes semblables à ceux mentionnés ci-dessus. Et à l’inverse, on fera aussi circuler des listes de mots à décomposer (par ex. une liste des branches et spécialisations de la médecine) pour en extraire les parties radical, préfixe et/ou suffixe, et le sens qui s’y trouve véhiculé.

 En composant et décomposant ainsi les mots du langage de la médecine à partir de leur racines, préfixes et suffixes, dont on apprend la signification, on se familiarise avec le fonctionnement et les sens de ce langage, ses rouages, ses origines, et tout le système référentiel qui lui donne des signifiants.

 L’initiation à la formation des mots du langage médical offre accès au mystère de ces mots –dits savants,  très longs,  d’apparence compliquée ou parfois très semblables. Par exemple, lorsqu’on comprend comment marche cet agencement des racines, préfixes et suffixes, les mots suivants se déchiffrent et se distinguent immédiatement et très facilement : laryngoplastie, laryngoplégie, laryngoscope, laryngoscopie, laryngospasme, laryngosténose, laryngostomie et larygotomie.  Et par la même occasion on apprend la précision et l’économie de ce discours, qui parait parfois si revêche.

 Mais ce n’est pas tout !  Il y a encore d’autres aspects du langage médical que nous étudions, et qui s’imposent à sa caractérisation; en occurrence les synonymes,  les acronymes et les abréviations  qui feront l’objet d’autres billets ultérieurs.

Friday, October 3, 2014

Calcium ≠ Ca++ : Un autre piège

Copyright © Françoise Herrrmann

Le calcium élémentaire Ca++ ce n’est pas la même chose que le calcium. Il s’agit de la proportion du calcium réellement absorbée par le corps.  Et pour tout compliquer son pourcentage varie en fonction des diverses formes galéniques disponibles du calcium, ainsi que dans les aliments! Donc attention en traduction de bien inclure toute la graphie ++  très significative, ainsi que dans les calculs d’apport en calcium d’un régime alimentaire ou de sa supplémentation.

Voici quelques chiffres à l’appui vous permettant de comprendre et d’éviter ce piège.

Tout d’abord, ci-dessous, les recommandations des centres nationaux NIH aux USA en matière d’apport quotidien en calcium mesuré en milligramme (mg), en fonction de diverses tranches de la population, et en association à un apport quotidien de vitamine D, mesuré en unités internationales (UI).

0-6 mois
200 mg
400 UI
6-12 mois
260 mg
400 UI
1-3 ans
700 mg
600 UI
4-8 ans
1000 mg
600 UI
9-18 ans
1300 mg
600 UI
19-70ans
1000 mg
600 UI
Femmes (51-70 ans)
1200 mg
600 UI
Adultes (71 +)
1200 mg
600 UI
Femmes enceintes/qui allaitent (14-19 ans)
1300 mg
600 UI
Femmes enceintes/qui allaitent (19-50 ans)
1000 mg
600 UI

Et, plus bas, certaines formes galéniques de suppléments en calcium, avec indication de la dose du comprimé en mg et de sa proportion absorbée sous forme de CA++, mesuré également en mg.

Diverses formes galéniques du calcium
Dose
Ca++
carbonate de calcium (40% Ca++)

500 mg
1250 mg
600 mg
200 mg
500 mg
240 mg
citrate de calcium (21% Ca++)
1500 mg
315 mg
phosphate dibasique de calcium (31% CA++)
500 mg
155 mg
lactate de calcium (13% Ca++)
600 mg
78 mg
gluconate de calcium (9% Ca++
600 mg
1000 mg
54 mg
90 mg

Donc, pour éviter le piège de l’étiquetage du calcium, il faudra faire attention au pourcentage de Ca++ de la forme galénique pour se conformer correctement aux recommandations en apport quotidien de calcium, par exemple fournies par les centres nationaux NIH des USA, ou autre organisme de santé publique habilité à fournir de telles recommandations.

En effet, un comprimé de citrate de calcium de 1500 mg ne fournit que 315 mg de Ca++ (absorbé par le corps), et non pas 1500 mg. Il faudra donc en prendre au moins 2 ou 3 par jour, en fonction de la tranche d’âge pour répondre correctement aux recommandations.
 ~(  :>

References 
Calcium : Dietary supplement fact sheet
Mayo clinic: Nutrition and healthy eating